NDDL, quelle vision du monde ?

Ce billet est le premier d’un bref dossier sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Nantes), projet d’aménagement du territoire devenu l’enjeu d’une lutte symbolique à bien des égards. L’importante contestation du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes a pour origine la volonté de préserver des terres agricoles. Mais l’enjeu dépasse la simple question de la propriété de quelques milliers d’hectares. Il en va du bocage, des haies, des ressources en eau et en biodiversité ; de la captation du carbone et du réchauffement climatique. Et donc d’un bien commun, la terre.

En tant que telle, pour le mode dominant de développement et d’aménagement du territoire, la terre représente deux choses :

  • un objet d’appropriation : l’appropriation foncière considérée comme investissement
  • une limite naturelle : le développement économique vient buter sur les limites de la biosphère [« Mur » climatique, épuisement des ressources fossiles…]

Entre ces deux aspects de la terre, la contradiction est totale ; et de plus en plus visible à mesure de l’émergence des enjeux écologiques. L’aéroport de Notre-Dame-des-Landes cristallise donc la contradiction de deux visions du monde :

– un développement du territoire, endogène et localisé, protecteur des ressources et des hommes

– un développement du territoire exogène, fondé sur l’attractivité et la capacité d’insertion dans les flux globalisés de marchandises, de services et d’hommes [globalisés, donc ‘vecteurs’ d’activité et d’emplois à haute valeur ajoutée]

Jean Gadrey, 68 ans, Professeur émérite d’économie à l’Université Lille 1, analyse les ressorts de cette seconde vision, celle qui préside à la décision de construire un nouvel aéroport à Nantes.

Des mobilisations étonnantes mais aussi des tensions et parfois des violences accompagnent, en France et dans le monde les mégaprojets des dominants visant à prolonger le modèle libéral-croissanciste. On ne peut comprendre ces affrontements d’idées, de politiques, et sur le terrain, sans élucider les « valeurs » et les représentations du « progrès » présentes dans les arguments des promoteurs de ces projets.

C’est tout un « MONDE DE CROYANCES », UN SYSTÈME D’IDÉES DOMINANTES, qui est contesté radicalement. Mais ce monde est défendu par des acteurs puissants, ceux du capitalisme financier ou du libéral-croissancisme, qui entendent bien le prolonger, tant qu’ils en ont le pouvoir.

On peut prendre la mesure de ces enjeux « idéologiques » en identifiant les principales croyances ou les mythes défendus et propagés par les tenants du vieux monde et contestés par les opposants. Je vais le faire ici sur l’exemple du projet d’aéroport de Notre Dame des Landes, mais on verra en chemin qu’on retrouve pratiquement les mêmes enjeux dans bien d’autres cas.

– Suite

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