Malbouffe au nord, famine au sud

Après avoir rappelé, qu’aujourd’hui un milliard d’êtres humains ne mangent pas à leur faim, Marc Dufumier nous explique comment jeune agronome, en particulier au cours de missions à Madagascar et au Vénézuela, il a compris l’intérêt de prendre en compte les conditions socioéconomiques dans lesquelles travaillent les paysans afin d’éviter de proposer des solutions inadaptées. Ancien élève de René Dumont, ingénieur agronome, professeur émérite en agriculture comparée et développement agricole à l’AgroParisTech, expert auprès de la FAO et de la Banque mondiale, Marc Dufumier a publié un livre où il fait une démonstration limpide des conséquences mondiales d’un mode de développement agricole qui engendre la Malbouffe au Nord et la famine au Sud et qu’il qualifie de « Grand Dérèglement » !

« Les paysans n’ont besoin de personne pour inventer une agriculture performante et durable. Il faut leur en donner les moyens. » Marc Dufumier

– par Jean Chambeau

Son livre est donc le fruit d’une expérience de quarante années « d’observations et d’échanges » qui lui a permis de mieux cerner les enjeux agricoles mondiaux.

Le mode de développement agricole actuel est prédateur de la nature et des hommes. Il est temps de libérer les politiques agricoles des experts et des lobbies, de développer l’agroécologie, « pratique où la science et les savoirs faire ancestraux des paysans se répondent ».

Les raisons de ce « Grand Dérèglement » sont multiples et les agriculteurs n’en sont que partiellement responsables.

L’évolution de la politique agricole :

  • la PAC

Tout d’abord Marc Dufumier rappelle que la production de céréales, sucre, lait, viande…était déficitaire en 1958 lors de la signature du Traité de Rome et sous la dépendance d’importations venant principalement des Etats-Unis, d’Argentine, d’Australie, de Nouvelle Zélande. Aussi les pays fondateurs de l’Europe ont-ils voulu mettre en œuvre une politique agricole commune dont les objectif étaient :

– accroître la productivité du travail dans l’agriculture,

– garantir la sécurité des approvisionnements agroalimentaires,

– assurer à la population agricole un niveau de vie équitable,

– stabiliser les marchés,

– assurer des prix raisonnables aux consommateurs.

De plus trois principes furent édictés devant permettre cette politique :

  • L’unicité du marché européen : les produits agricoles devaient pouvoir circuler sans entrave entre les six pays ;

  • La « préférence communautaire » : les Européens devaient s’approvisionner de préférence au sein du marché commun avant d’envisager d’importer des produits agricoles en provenance des pays tiers ;

  • La solidarité financière : les coûts inhérent à la mise en place d’organisations communes de marchés devaient être assurés solidairement par le biais d’un Fonds européen d’orientation et de garantie agricole (FEOGA), alimenté par les contribuables des six pays.

Cette politique d’intervention publique a permis la circulation à l’intérieur du marché européen de produits agricoles bénéficiant d’une protection commune à l’égard des importations en provenance du reste du monde.

Les prix communs des produits essentiels comme : les céréales, les produits laitiers, la viande bovine….étaient fixés par les gouvernements.

Ce mécanisme de prix garantis a permis à l’Europe dès 1970 de devenir excédentaire sur les produits faisant l’objet d’une organisation commune des marchés. La dénonciation par la concurrence mondiale du protectionnisme européen finit par contraindre l’Europe à y mettre un terme. Une chute des prix s’en suivit, c’est alors que des subventions directes proportionnelles aux surfaces cultivées et aux effectifs des troupeaux ont été attribuées aux agriculteurs. L’Europe aurait pu éviter cette remise en cause en définissant des quotas de production déterminant la limite où les prix ne seraient plus garantis. C’est ce qui s’est fait pour le sucre d’abord et le lait de vache ensuite …mais pas pour les céréales en raison du refus de la FNSEA. Celle-ci cherchait à produire le plus possible les produits pour lesquels les investissements avaient été faits. La surproduction fut difficile à écouler et mit à mal le budget de l’Europe et notre environnement.

Alors que l’Union européenne était en excédent de production pour les céréales elle était déficitaire en protéagineux nécessaires à l’alimentation animale ou humaine, mais les prix de ces derniers n’étaient ni garantis ni bien subventionnés Ceci aboutit à délaisser la culture de plantes riches en azote fertilisants les sols et à accroître l’emploi d’engrais provenant d’énergies fossiles coûteuses (gaz russe ou norvégien) et à augmenter l’effet de serre, car ils étaient riches en protoxyde d’azote.

  • « Le diktat des hypermarchés et groupes industriels ou la fin des paysans »

Marc Dufumier décrit le processus qui aboutit à la situation actuelle où les paysans vendant des « produits fermiers » en vente directe sur les marchés ne sont qu’une minorité alors que pour la majorité d’entre eux les hypermarchés et l’agro-industrie en situation de quasi-monopole déterminent au moyen de cahiers des charges les quantités produites, la qualité et les prix.

Ainsi les éleveurs « ressemblent de plus en plus à des ouvriers travaillant à domicile et « payés aux pièces », autrement dit en fonction du nombre et du poids des animaux ramassés

par l’entreprise. »

  • La rationalisation de la production aboutit à ce que les puissants groupes agroalimentaires

imposent des normes de qualité permettant de produire massivement au meilleur coût. La grande distribution elle aussi exige des cultivateurs des contraintes afin de pouvoir offrir aux consommateurs ce que Marc Dufumier appelle les « concours de beauté des étals de super marché » où l’aspect l’emporte sur le caractère nutritif et l’intérêt pour la santé. En effet pour arriver à ce résultat les agriculteurs sont obligés de diminuer le nombre, la variété des espèces produites et contraints d’utiliser pesticides et fongicides.

  • L’amélioration génétique ou la perte de la bio diversité 

Quelques exemples :

600 variétés de blé tendre étaient cultivées avant 1939 quelques dizaines maintenant.

Des dizaines de races bovines étaient élevées en France à l’heure actuelle 80 % du cheptel bovin laitier provient de trois races : la prim’Holstein, la normande et la Montbéliarde.

Cinq semenciers contrôlent plus de 75% des semences potagères au niveau mondial.

La sélection de variétés standard effectuées dans des stations expérimentales a remplacé celle qui était effectuée grâce au savoir paysan tenant compte des conditions locales, des écosystèmes. Les agriculteurs peuvent utiliser des semences qu’ils ont produites mais la loi leur interdit de les échanger avec des voisins et l’achat d’autres variétés que celles figurant au catalogue national.

  • La spécialisation des exploitations agricoles ou la logique du pire 

Les agriculteurs, encouragés à se spécialiser et à se servir de techniques standard, se sont lourdement endettés pour se doter de matériels coûteux. Ils sont tenus par les prêts contractés à cet effet et donc contraints par le type de productions objet de ces financements. Ceci a eu pour conséquence la fin de la polyculture et le divorce entre l’agriculture et l’élevage.

  • Monoculture et remembrement ont mis fin à la rotation des cultures et ont entraîné l’usage

intensif de produits phytosanitaires. La monoculture aggrave la fragilité des exploitations en cas d’accident climatique ou d’épidémies.

  • La course à la productivité par travailleur, grâce à l’apport des machines, a augmenté la

production (mais non le rendement à l’hectare) mais a provoqué la dégradation de l’environnement, l’augmentation des maladies environnementales, la pollution chimique de l’eau, de l’air et des sols, la diminution de la qualité gustative des aliments, la diminution de la nappe phréatique…et la dégradation de la santé des agriculteurs.

Une certaine stagnation des rendements apparaît due à  différents facteurs : réchauffement climatique, accoutumance des agents pathogènes et prédateurs aux produits phytosanitaires, etc….il est donc plus que jamais opportun de réorienter l’agriculture vers une production de qualité au profit du plus grand nombre. 

La problématique des pays du Sud.

Les techniques utilisées par ceux-ci ont fait leurs preuves dans le temps : agriculture sur abattis-brulis utilisée en respectant certaines conditions, nomadisme pastoral en évitant le surpâturage, cultures associées (culture simultanée de plusieurs plantes dans un même champ), riziculture en casiers inondés.

Puis il attire notre attention sur le fait que la modernité peut être génératrice de dégâts et dévoile le piège de la « révolution verte ». Celle-ci consiste à faire adopter par les paysans du Sud le modèle productiviste des paysans du Nord, fondé sur la sélection et l’hybridation de variété de céréales susceptible de faire face aux intempéries. Trois céréales ont été concernées : le riz, le blé, le maïs et les cultures traditionnelles ont été délaissées. Les paysans endettés n’ont pu rembourser leurs prêts et ont tout perdu. Ils sont allés grossir les bidonvilles et « annuellement par centaine de millions ont alimentés les circuits clandestins des migrations internationales. «  C’est bien parce que des millions de paysans ont dû quitter leurs terres et qu’il ne trouve pas d’emploi en ville que certains vont tenter, au péril de leur vie, l’aventure de l’immigration clandestine ». Cette « révolution verte » a eu de plus un coût sanitaire et écologique.

La monoculture extensive engendre des problèmes de même nature.

Enfin le bilan des O.G.M. de première génération est «  mitigé » et l’utilisation de plantes transgénique dangereux pour l’environnement et la santé. Quant à la deuxième génération d’O.G.M, leur mise au point dans le temps risque de surpasser le délai de validité des brevets (20 ans) et donc intéresse peu les société privées, enfin leur rendement devrait baisser en l’absence de moyens nouveaux (engrais, produits phytosanitaires, etc.), provoquant dégâts sociaux et environnementaux. En fait ce n’est pas le potentiel génétique des variétés qui freine les rendements agricoles des pays du Sud mais « la fertilité globale desagroécosystèmes : fertilité des sols, absence relative d’agents pathogènes, faible incidence des insectes prédateurs etc. » La sélection génétique doit tenir compte des conditions écologiques et socioéconomiques. Des paysans pauvres peuvent opter pour des rendements plus faibles mais stables. Conclusion « en matière agricole, les scientifiques se font trop facilement scientocrates. Il est temps de redonner du pouvoir aux paysans. »

CAP SUR L’AGROECOLOGIE

Les paysans du Sud doivent doubler leur production de céréales dans les 40 ans à venir en prenant en compte le réchauffement climatique, la nécessaire réduction des gaz à effet de serre et en respectant de le cadre de vie à la ville comme à la campagne.

Ils disposent pour cela d’une palette de techniques agroécologiques :

l’utilisation rationnelle de l’énergie solaire, l’agroforesterie, c’est-à-dire l’agriculture pratiquée sous un couvert forestier, la culture de légumineuses en association et en rotation avec des céréales, des tubercules ou des plantes industrielles, association de diverses activités agricoles (agriculture-élevage, agriculture-piscine-élévage’ agriculture polyculture élevage diversifié.

Parallèlement il faut réorienter la recherche agronomique. « Le défi est de tout faire désormais pour que les agronomes spécialisés en génétique, science du sol, nutrition animale, défense et protection des cultures, etc, aient enfin une vision globale et prospective du contexte dans lequel travaillent les agriculteurs afin de repérer leurs besoins, et les moyens auxquels ils peuvent avoir réellement accès. En un mot les ingénieurs agronomes seraient bien inspirés de passer moins de temps dans leurs stations expérimentales et de retouner…à la ferme ».

REMETTRE LE PAYSAN AU CŒUR DU DEVELOPPEMENT

Promouvoir les agricultures paysannes :

  • avec des exploitations de taille moyenne car elles sont plus faciles à convertir à l’agroécologie.

« La force de l’agriculture paysanne, c’est d’être gérée par des gens qui vivent au cœur de leurs exploitations, connaissent leurs terroirs, sont responsable de leurs actes, et savent s’adapter en permanence aux conditions changeantes de leur environnement écologique et économique. » En ce qui concerne les paysans les plus pauvres il faut les aider à acheter des équipements de base peu onéreux qui leur sont nécessaires.

  • avec une meilleure répartition des terres par des réformes agraires pour obtenir des unités de

production de taille moyenne.

  • avec l’accès des paysans aux terres agricoles sur le long terme. Ceproblème se pose dans les

régions où il y a indivision des terres et où les paysans ne sont pas enclins à investir. La solution ne réside pas dans la privatisation de ces terres. La redistribution périodique de celles-ci « en fonction de l’évolution du nombre de bras et de bouches à nourrir peut finalement se révéler plus efficace, car cela permet d’affecter la force de travail villageoise avec souplesse et équité, et éviter l’apparition de paysans sans terres ». Il est indispensable de prendre en considération à l’échelle locale les droits coutumiers

Le land grabbing doit cesser. En effet, les investisseurs du Nord (fonds de pension ou fonds souverains) et des pays émergents (Chine, Inde, Crée etc.) rachètent les meilleurs terres du Sud. Il s’agit de millions d’hectares et d’une colonisation. Or la terre n’est pas un bien comme un autre à livrer aux lois du marché pour en assurer une répartition efficace et juste socialement.

  • En équipant les campagnes Une réforme agraire doit être accompagnée de politiques publiques

permettant l’accès à tous les moyens de production : eau, cheptels, matériels et infrastructures. L’intervention de l’Etat consiste « à investir dans les infrastructures essentielles à la hausse des rendements, à la conservation des récoltes et à leur commercialisation.

Réorienter l’aide publique au développement qui par ailleursdécroît régulièrement.

Elle était de 18à19% en 1990 et s’est abaissée à 3 à 4% en 2005. Pour être efficace cette aide doit absolument prendre en compte les situations locales.

  • En finançant les agriculteurs et ce, au niveau des villages et des terroirs. Marc Dufumier relate les échecs des systèmes agricoles des Etats, propose que soit attribué aux agriculteurs des subventions pour l’achat de moyens de production..

Le microcrédit aux paysans pauvres peut aussi être utile sous certaines conditions.

Enfin les pays du Sud doivent mener  « des politiques de prix rémunérateurs pour qui permette à leur petits paysans de dégager des revenus suffisants, afin de pouvoir constituer une épargne qu’ils réinvestissent ensuite pour s’équiper et améliorer leur système d’élevage.

Dans un dernier chapitre Marc Dufumier reprenant la formule de Proudhon constate  que le libre échange c’est le vol. Il illustre cette affirmation avec l’exemple du riz de Louisiane comparé à un riz produit et vendu localement à Madagascar. Le résultat est probant : « la valeur ajoutée d’un travailleur camarguais ou Nord américain est de l’ordre de 100 tonnes par an, soit deux cents fois plus que celle du paysan pauvre de Madagascar ! ».

  • En mettant en place un protectionnisme, par l’imposition de droits de douane sur les produits vivriers à bas prix importés massivement. C’est l’intérêt des pays du Nord s’ils désirent diminuer la pression de l’immigration clandestine résultant de la concurrence déloyale qu’ils pratique envers les paysans du Sud.

Contre le libre échange il faut aussi favoriser le commerce équitable qui permet d’obtenir des prix agricoles stables et rémunérateur pour les paysans. Mais pour que le commerce international devienne plus équitable il est indispensable d’en changer les règles.

1- QUEL AVENIR POUR NOS CAMPAGNES

Il est urgent de mettre fin à la course au productivisme :

La France en effet ne peut pas produire des denrées standard à grande échelle.

Nos rendements céréaliers dopés aux engrais et produits phytosanitaires sont déjà au maximum (2 fois plus qu’aux Etats-Unis, 3 fois plus qu’en Ukraine), sauf à accroître encore plus les dégâts sur l’environnement et à augmenter les coût de production (incidence du coût du pétrole). La France ne peut concurrencer les pays exportateurs. Ceux-ci peuvent encore, grâce aux réserves de terres arables dont ils disposent, faire des économies d’échelle et accroître leurs rendements à l’hectare avec des coûts de production bien plus fables que les nôtres (en particulier de main-d’œuvre.)

Il faut donc « réorienter nos agricultures en tenant soigneusement compte des diverses potentialités productives et caractéristiques écologiques de chaque territoire. »

Il faut diversifier les systèmes de production  en proposant des produits fermier et bio du terroir, en assurant la qualité écologique des territoires. Il faut aussi remettre en culture les variétés abandonnées, effacées du catalogue officiel du GNIS sous la pression du lobby des grands groupes semenciers.

Libérer notre agriculture de sa dépendance à l’égard du Nouveau Monde (soja), découlant du choix politique de surproduire céréales et sucre au détriment de la luzerne et des fèves utiles à l’alimentation animale. Un autre aspect de cette réorientation sera de permettre la réduction de notre consommation d’engrais azotés de synthèse. Cela ne se fera que si parallèlement on instaure des droits de douane à l’importation des protéagineux, en fait le soja. Il faudra donc remettre en cause les accords internationaux de Blair House de 1992 selon lesquels l’Europe s’est engagée à ne pas recourir à un tel protectionnisme, mais garder les mains libres « pour subventionner directement ses agriculteurs pour des productions excédentaires, exportées à prix de dumping. » Nous devrons donc aussi arrêter d’exporter au Sud nos excédents de sucre, céréales, poudre de lait.

Il faudra aussi, en utilisant la restauration collective comme levier, développer les labels et la filière bio. Des municipalités ont déjà réussi à recréer des « ceintures maraîchère qui permettent un approvisionnement en circuit court, du champ dans l’assiette, des fruits etdes légumes ». Les AMAP développent les circuits courts.

Quelles propositions pour la nouvelle P.A.C. 2013 ?

Les agriculteurs dans leur ensemble regrettent l’époque ou leur rémunération était assurée par la vente de leurs produits à des prix corrects et stables.

Il faut donc viser une politique de prix et non une politique de subventions. Il faut donc gérer des stocks régulateurs et imposer des quotas plutôt indexés sur le nombre d’actif que sur la surface des exploitations.

Renoncer à exporter vers les pays du Sud en pratiquant le dumping avec ses surplus de production.

Rémunérer directement les agriculteurs comme « jardiniers de paysage »

L’idée est de faire prendre en charge par la collectivité des services d’intérêt général environnementaux (protection des sources d’eau potable, entretien des bocages, élevage d’insectes pollinisateurs…)

Un bonus malus sur les productions agricoles, c’est-à-dire taxer les pesticides et redistribuer intégralement cette taxe à ceux qui se reconvertissent en bio, en laissant le choix aux paysans des techniques de culture et d’élevage.

 

En 2050, l’agriculture bio et paysanne peut nourrir la planète, ce n’est pas une utopie. En effet de récents rapports d’experts : le rapport Agrimonde ( 2009)et celui de l’IAASTD (Evaluation internationale des connaissances des sciences et des technologies agricoles pour le développement) vont dans ce sens.

Enfin le « Rapport sur le droit à l’alimentation » présenté à l’Assemblée générale de l’ONU en décembre 2010 montre que l’agroécologie pourrait doubler la production alimentaire des pays du Sud en dix ans.

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