LGV POCL, nos dettes, notre territoire (1)

La perte du triple A de la France nous le rappelle encore, la question de la dette s’est aujourd’hui installée au cœur des préoccupations publiques. Tant et si bien que l’évaluation de toute politique publique semble devoir s’opérer au trébuchet de son rapport à l’endettement. 

La cohérence voudrait donc que l’on s’efforce d’évaluer le projet de LGV POCL (Paris- Orléans – Clermont – Lyon) dans une perspective de limitation ou de réduction de nos dettes.

En quoi, le projet POCL contribue-t-il à limiter notre endettement, c’est-à-dire notre empreinte sur l’avenir ?

À quelques jours de la fin du débat public sur ce projet de LGV, EELV – Pays de Vichy lance une série de réflexions sur la question.

 

Le secteur du rail en France est en déficit structurel et s’endette ; l’État est en déficit structurel et s’endette ; à plus large échelle, par sa consommation d’énergie, de vie, de sols et de ressources, l’humanité est en déficit écologique structurel sur la planète ; elle s’endette. Ces trois dettes gigognes sont interdépendantes.

Si, comme les temps semblent nous y inviter, l’on doit mesurer la pertinence d’un projet d’investissement à l’aune des dettes qu’il engendre et /ou qu’il permet de réduire dans le temps, il faut alors bien veiller à prendre en considération l’ensemble de ces dettes emboîtées.

Les questions de l’endettement et de la lutte contre la dette sont des thèmes à la mode aujourd’hui, malheureusement déclinés sur le seul versant financier. Or, si la dette financière est la plus visible, puisque financièrement quantifiable, elle n’est pas la seule traite sur l’avenir que nous accumulons. Aux dettes strictement financières, s’ajoutent encore :

  • la dette fossile (celle du prélèvement irréversible sur les stocks limités d’énergie fossile)
  • la dette foncière que constitue l’artificialisation continue des sols naturels
  • la dette biologique que constitue la dégradation constante de la biodiversité
  • la dette des déchets (physiques, nucléaires et chimiques) dont le fameux dioxyde de carbone et autres gaz à effet de serre.

 

Une LGV peut donc présenter un bilan déchets moindre que celui d’une autoroute. Mais il serait fallacieux d’en rester à la seule évaluation de cette ligne du bilan. Qu’en est-il sur les plans financier, foncier et biologique ? Et si son bilan est meilleur que celui d’une autoroute dans l’absolu, la question est-elle posée de sa substitution à cette autoroute et, en fait, du véritable bilan d’une politique globale de transports ?

C’est donc à l’aune de cette batterie de dettes interconnectées qu’il convient d’évaluer le rapport coût-bénéfice du projet de LGV POCL pour nos territoires. Passé au crible de l’impératif anti-dette, POCL est-il encore le bon antidote à l’abandon de nos territoires ?

À suivre…

 

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